Nokia doit finalement son salut non pas aux ventes de ses smartphones Lumia (sous Windows) qui peinent à décoller, mais de celles des modèles plus ordinaires. Elles maintiennent le groupe finlandais à flot. Le redressement de sa filiale d’équipements Nokia Siemens a d’ailleurs été salué par la Bourse.
Pas vraiment satisfaisants, pas vraiment décevants, les résultats de Nokia reflètent encore la période de transition que traverse le géant finlandais de la téléphonie mobile. Dorénavant numéro deux dans sa branche, derrière Samsung, Nokia a encore annoncé une perte pour le troisième trimestre, il est vrai légèrement moins forte que prévu par les analystes, grâce au redressement de sa filiale d’équipements télécoms, Nokia Siemens Networks, et à l’apport de sa division de téléphones bon marché. Cependant, les ventes de ses smartphones Lumia sous Windows peinent toujours à décoller. Son titre a perdu 45% de valeur en un an et ne pèse plus que 8,3 milliards d’euros.
Coté ventes, Nokia n’a vendu que 6,3 millions de smartphones au troisième trimestre, des volumes en chute libre de 63% en un an et de 38% par rapport au trimestre précédent. En comparaison, Apple a vendu 5 millions d’iPhone 5 en un week-end ! Nokia s’est fait dépasser par le fabricant taïwanais HTC qui, malgré ses propres difficultés, a écoulé 9,2 millions de smartphones au deuxième trimestre, et par Sony (ex-Sony Ericsson), repositionné sur les téléphones multifonctions milieu ou haut de gamme sous Android, et par le fabricant du BlackBerry. Aux Etats-Unis, qui constituent le marché le plus rentable, Nokia n’a jamais vendu aussi peu de téléphones : seulement 300.000 sur le trimestre (-57%). « L’un des grands espoirs de Nokia était le marché américain mais la situation n’a fait qu’empirer en deux ans » notent les analystes. Le lancement tardif de modèles de sa gamme phare sous Windows Lumia a joué : Nokia n’a vendu qu’un nombre décevant d’exemplaires de Lumia, 2,9 millions. En comparaison, les modèles Asha tactiles d’entrée de gamme ont mieux performé (6,5 millions).
Les ventes de téléphones ordinaires reculent, mais moins significativement (-15%) et constituent les deux tiers des ventes de mobiles du groupe. Autre bon point : l’équipementier Nokia Siemens Networks, qui a pratiqué une politique de dégraissage, a réalisé « un trimestre remarquable » selon Stephen Elop, le PDG : la filiale a retrouvé la croissance (chiffre d’affaires en hausse de 3% à 3,5 milliards d’euros) et la profitabilité avec une marge opérationnelle de 5,2%, ce qui a impressionné les analystes. Un peu d’oxigène pour Nokia qui continue de vivre sur sa trésorerie, tombée à 3,5 milliards d’euros.
En effet, en cinq ans, la compagnie a vu ses réserves de trésorerie fondre de moitié et sa note chuter en catégorie spéculative (« junk ») par Standard & Poor’s, qui redoute qu’il lui reste au moins 3 milliards en caisse à la fin de l’année. Or Nokia a prévenu que « le trimestre de Noël sera difficile. » Coincé entre l’iPhone et les Galaxy de Samsung dans le haut de gamme d’un côté et tous les modèles Android bas de gamme, notamment chinois, de l’autre, le chemin du redressement s’annonce semé d’embûches.
